Il n’est jamais bon de trop s’attacher à une personne jusqu’à en arriver à s’oublier totalement ou à souffrir. Quand on en est à ce stade c’est que l’on se trouve dans obsession amoureuse. Celle-ci touche à la fois les célibataires qui idéalisent un amour impossible comme les personnes en couple qui font en sorte que leur vie tourne autour de leur partenaire. Autant vous dire que ceci est à la fois dangereux pour votre épanouissement personnel mais également le cas échéant pour votre histoire d’amour qui se trouve fragilisée. Dans cet article j’aimerais vous apporter les clés afin de mieux comprendre les sources de l’amour obsessionnel, aussi appelé One Itis, mais surtout les solutions pour ne plus avoir à vivre ce phénomène ou à subir l’obsession amoureuse de la personne qui partage votre vie. Obsession amoureuse psychologie et définition ! Pour vaincre une problématique d’ordre sentimental il faut impérativement l’analyser. Ainsi, pour surmonter une obsession amoureuse il va falloir que vous parveniez à la bien la comprendre. En effet, chaque personne à une façon qui lui est propre de surmonter sa fixation amoureuse. Alors avant de même de vous demander comment ne plus être obsédée par une personne en amour, vous allez devoir effectuer un travail pour mieux percevoir ce phénomène afin d’adopter le plan d’action adéquat. Qu’est-ce que le One Itis ou l’obsession amoureuse ? Au niveau de la vie sentimentale l’obsession amoureuse est un des pires fléaux parce que non seulement elle démolie la confiance de la personne qui en est à l’origine, mais en plus elle détruit la vie de celui ou celle qui doit la subir. Ainsi, avoir un amour obsessionnel ce n’est pas avoir des sentiments classiques » qui apportent du bonheur. Cet amour se transforme en réalité en quelque chose de maladif qui fait souffrir. Ce phénomène de fixette amoureuse provoque un état de frustration lié aux sentiments qui peut apparaître dans la vie de couple mais également quand on est célibataire. Les 3 causes de l’obsession en amour Bien souvent on pense que l’obsession amoureuse est la conséquence d’une dépendance affective. Ce qui n’est pas faux en soi. Mais il existe également une deux autres origines à l’obsession pour un homme ou pour une femme. Il s’agit d’un manque de confiance en soi présent depuis toujours, ou qui était latent et le fait d’avoir été victime d’une trahison amoureuse. Les hommes et les femmes qui ont une pensée obsessionnelle ont souvent l’impression que la personne est meilleure qu’eux ou elles et qu’il est normal de se comporter ainsi. Il est essentiel, de comprendre que ce n’est pas une problématique de séduction, de sentiments mais bel et bien de développement personnel et de confiance en soi. Les habitudes que vous avez dans votre couple, la manière dont vous vivez votre relation, dont vos sentiments se développent provoquent un manque d’estime de soi. Votre obsession pour une personne n’est pas apparue par hasard mais parce que cet homme ou cette femme est spéciale à vos yeux et que vous craignez de le/la perdre. Mais en même temps, vous l’auriez aussi ressenti pour quelqu’un d’autre à un moment donné. Je suis conscient que cela remet en cause ce que vous ressentez mais vous avez besoin de changer pour vous sentir mieux. Cette fixette peut être contrôlée mais vous devez d’abord le vouloir et mettre les bonnes actions en place en fonction de la cause mais aussi des symptômes de votre obsession sentimentale. Les symptômes de l’obsession amoureuse Afin de combattre efficacement l’obsession affective, et de savoir comment s’y prendre pour lutter, il faut la cibler et savoir de quelle manière elle se manifeste. 1/ La peur d’être seule est bien trop forte ! Lorsque l’on est en couple il est évident que l’on ne doit pas se projeter, et se voir célibataire ou penser négativement, quant au futur du couple. Néanmoins, lorsque cette obsession se fait de plus en plus présente l’une de ses caractérises les plus visible est le fait d’imaginer qu’il/elle va rompre à tout moment ou pour les célibataire que l’on ne parviendra jamais à le/la séduire. Peu importe le comportement de votre partenaire ou votre cible, vous avez l’impression de ne pas être assez bien pour lui/elle, et que la rupture est forcément la solution qu’il/elle va envisager. Vous avez le sentiment d’être dans un amour à sens unique. 2/ La jalousie prend le dessus Faire une petite crise de jalousie de temps en temps, demander qui est la nouvelle fille ou le nouveau mec sur ses réseaux sociaux n’est pas spécialement alarmant. Cependant, quand vous passez plus de temps à fouiller son téléphone ou ses poches qu’à profiter de la relation alors c’est une problématique. Quand vous ne faites jamais confiance à votre partenaire peu importe ses efforts non pas parce qu’il/elle mérite d’être surveillée mais uniquement parce que vous manquez de confiance, il faut rapidement agir ! Si vous êtes célibataire et que vous commencez à le/la questionnez, que vous devenez jalouxse de son entourage, et que vous commencez à faire des crises, reprenez vous vite parce que vous tombez dans une obsession amoureuse qui risque de vous faire perdre tout crédit auprès de la personne que vous convoitez. 3/ La possessivité est quotidienne L’amour est une chose merveilleuse, vouloir partager les plus beaux moments de sa vie avec la personne que l’on aime est tout à fait compréhensible et logique. Néanmoins, le fait de systématiquement vouloir être ensemble, de ne pas s’accorder de temps seule, de partager trop de chose en oubliant de laisser du mystère, de la surprise va affecter l’attirance de votre moitié ou de celui/celle avec qui vous aimeriez vivre une histoire d’amour. 4/ Vous vous coupez des autres pour lui/elle Souffrir de la dépendance affective, de l’obsession amoureuse, c’est s’oublier et oublier ce qui vous fait plaisir dans la vie. Si vous ne souhaitez pas sortir avec des connaissances ou que vous abandonnez vos passions pour passer tout votre temps libre avec celui ou celle qui vous fait vibrer, il y a un problème d’équilibre que vous devez régler en appliquant les conseils de cet article. Vous avez besoin d’avoir une vie personnelle forte non seulement pour vous épanouir mais également pour montrer que vous n’êtes pas une personne acquise ! 5/ Vous ressentez le besoin de tout contrôler Le fait d’être obsédée par quelqu’un et d’avoir besoin d’être rassurée par ses mots, sa présence ou ses actes implique parfois de vouloir tout contrôler. De ne pas le laisser aller voir le match de foot chez ses amis, de ne pas la laisser aller au restau avec ses copines ou bien de lui envoyer des textos toutes les deux minutes pour avoir une présence constante. Agir de cette manière est également un des symptômes de cette fixette sentimentale. Quelle est la différence entre amour passionnel et amour obsessionnel Beaucoup de personnes ont tendance à être dans le déni et pensent vivre une relation fusionnelle ou passionnelle alors que ce n’est pas tout à fait le cas. Il s’agit en réalité d’une obsession amoureuse car c’est une relation qui fait souffrir. La première étape si on veut avancer est de l’accepter. Cela ne veut pas dire que des changements ne sont pas possibles par la suite mais vous allez devoir ouvrir les yeux. Il faut bien reconnaître que la frontière est mince entre une relation passionnelle et une relation obsessionnelle et il n’est pas simple, quand on est dans cette position de faire cette distinction et de savoir comment agir. Le manque d’objectivité est souvent présent et c’est tout à fait normal, c’est justement mon rôle de vous guider et de vous aider à sortir de cette situation pour trouver un équilibre en amour et donc le bonheur ! Pour le savoir, inutile de taper obsession amoureuse test ! Il n’existe qu’une seule et unique façon de le savoir et pour cela une question va vous aider à faire le point Est-ce que vous êtes heureux ou heureuse, et si c’est le cas, est-ce que votre partenaire est heureux ou heureuse. Si ce n’est pas le cas alors il faut agir pour retrouver cette sérénité si importante parce que cela peut porter préjudice à votre amour. Les dangers d’une obsession sur une personne ! Oui, trop aimer est néfaste… Surtout si vous vous dites que vous êtes amoureuse mais pas lui. L’amour est le sentiment le plus fort et probablement le plus beau que l’on puisse ressentir. Tous vos meilleurs souvenirs sont probablement liés à l’amour. Que ce soit pour sa famille, son/sa partenaire, ses proches. Néanmoins, faire une fixation amoureuse et penser trop aimer » quelqu’un est un véritable danger. Oui, il est dangereux d’être dans cette situation tout simplement parce que l’on s’oublie totalement et que l’on n’est pas dans un couple équilibré. Quand on est célibataire, on s’arrête totalement de vivre et on passe plus de temps à rêver de cette personne ou à la laisser nous contrôler qu’à mettre en place des actions pour se sentir mieux. L’amour maladif c’est accepter d’aimer quelqu’un qui peut ne faire aucun effort pour vous, qui peut rester des jours sans vous donner de nouvelles tandis que vous êtes prête à tout pour cette personne. Quand on est célibataire avoir ce genre d’obsession amoureuse c’est s’empêcher de faire une rencontre qui peut vous correspondre, c’est rester dans une sorte de friendzone qui fait souffrir. Ce n’est pas le type de relation qui peut vous correspondre tout simplement parce que vous souffrez et vous ne trouvez pas un bon équilibre entre vous. A partir du moment où vos sentiments vous empêchent de vivre une relation épanouie et que vous acceptez des choses qui vont contre votre dignité, il est dangereux d’aimer de cette manière tout simplement parce que ce n’est pas de l’amour, c’est très souvent uniquement de la dépendance affective et de la peur d’être seule. Les 5 clés pour sortir d’une obsession amoureuse Sortir d’une obsession amoureuse n’est pas qu’une question de volonté malheureusement. Il faut appliquer des actions fortes au quotidien pour se sentir mieux. Pour cela, je vous propose 5 façons de procéder à appliquer dès aujourd’hui. Avoir une vie sociale et familiale plus forte C’est l’une des clés et des explications de votre situation aujourd’hui. Le fait de ne pas passer de temps avec sa famille, le fait d’agir uniquement en fonction de lui/elle vous coupe de vos proches et vous devez rapidement réagir si vous souhaitez aller de l’avant. Il faut cesser de vouloir passer tout son temps avec cette personne ou bien de se demander si oui ou non il ou elle va accepter que vous sortiez. Vous avez besoin d’être entourée et c’est ainsi que vous allez parvenir à le faire, en passant du temps avec des gens qui vous aiment et qui vous sortent de votre environnement. Trouvez la source de votre obsession sentimentale Une obsession amoureuse, comme je vous l’ai expliqué est avant tout une problématique de confiance en soi, un manque d’estime qui se répercute sur la relation amoureuse et qui vous empêche de trouver un bon équilibre dans votre vie sentimentale. Cependant, ce manque vient bien de quelque part. Que ce soit lié à l’enfance, au physique, à vos relations sociales, il est important de faire cette introspection pour réussir à savoir exactement comment agir et comment travailler sur soi. Le fait d’identifier le problème est une nécessité pour parvenir à trouver une solution adéquate. N’attendez pas d’être au plus bas pour faire ce travail de psychologie obsession amoureuse. Travailler sur les émotions Bien évidemment, le fait d’être obsédé par quelqu’un vous pousse à faire des choses qui vous ressemblent pas du tout et surtout qui vous rendent malheureuxse. Il est donc important de mettre en place des actions fortes mais adaptées à votre situation et c’est pour cela que le coaching est nécessaire. En effet, avec les conseils de professionnels, vous allez changer votre quotidien mais aussi changer la manière dont vous vous comportez avec cet homme ou cette femme. C’est ainsi que vous allez surmonter les obstacles et cesser d’être dans la demande. Instaurer des règles pour une relation épanouie Quand vous êtes en couple et que vous souffrez de cette obsession sentimentale vous avez souvent peur de vous imposer et de mettre en place des actions qui peuvent vous permettre de vous sentir mieux. Vous ne pouvez pas continuer à vous cacher et à ne rien dire à votre partenaire. Il faut d’abord, mettre en place les actions dont j’ai parlé précédemment mais il va falloir également communiquer. Vous devez exiger du respect, si votre conjointe ne vous en donne pas alors à ce moment vous devez mettre de la distance. Il/Elle doit avoir des attentions envers vous autrement vous n’en avez pas envers lui/elle. C’est en réinstallant l’équilibre de manière parfois radicale que vous allez pouvoir avancer. Faites un travail sur vous ! Pour avancer il faut accepter de réaliser un travail sur soi. Si votre point faible provient d’un manque de confiance ou d’une dépendance affective trop marquée, voire des deux, je vous oriente vers mes formations. En effet, afin de vous aider je vous propose une formation pour prendre confiance en soi à découvrir ici et une autre formation pour vaincre la dépendance amoureuse en 21 jours. Dans ces 2 programmes en accès immédiat, vous retrouverez ainsi une analyse, des explications et surtout des exercices pour vous aider à vous sentir mieux. Et si vous souhaitez réaliser un travail personnalisé, je vous oriente vers le coaching personnalisé qui permettra d’atteindre vos objectifs en un temps record. Amicalement Le coach pour gérer son obsession amoureuse Alexandre Cormont
︎Voir tout l'univers Nouveautés Meilleures ventes Précommandes RDV Coups de cœurL’hainamoration, une structure moebienne de l’amour et de la haine? Je vais vous entretenir ce soir d’un effet d’après-coup provoqué par un commentaire d’une collègue lors de la première séance du séminaire sur le thème de l’année à Metz, intitulé Entre l’Autre et l’identification il y a la haine [1]». Pour introduire la question de la haine, j’avais travaillé l’identification, identification primordiale, et l’avais articulée à la phase du miroir dont a parlé Lacan. Mon point de départ était d’ouvrir un questionnement sur ce que peut être un autre pour le sujet. Pour ce faire j’ai pris à un certain moment appui sur cette affirmation de Freud, confirmée par Lacan, et que personne n’a, à ma connaissance, jamais remis en question, à savoir que la haine était première, quelle était le premier sentiment. Cette collègue m’a fait remarquer que tout ce que j’avais avancé contredisait l’antériorité de la haine sur l’amour. Il m’est finalement apparu que cela était somme toute parfaitement logique si on soutient qu’il n’y a qu’une seule pulsion et non pas une opposition entre les deux pulsions de vie et de mort. En effet, si on n’oppose pas la pulsion de vie à la pulsion de mort, est-il possible d’opposer l’amour à la haine? La proposition faite d’une forme de continuité entre pulsion de vie et pulsion de mort comme une structure moebienne ne peut-elle être pensée pour l’amour et la haine? Cela me semble fondamental, car avancer qu’il n’y a qu’une seule pulsion, va modifier sensiblement l’abord théorique et donc pratique ou clinique de la haine. C’est ce que je vais tenter de développer. Pour Freud, il est clair que l’amour et la haine sont en continuité directe avec la pulsion de vie et la pulsion de mort. En effet, Freud écrit dans une note ajoutée en 1923 au texte sur le petit Hans Son opposition de la pulsion de destruction ou pulsion de mort aux pulsions libidinales vient à s’exprimer dans la polarité bien connue de l’aimer et le haïr [2]». Il énonce là , clairement, que l’amour et la haine sont l’expression, la manifestation des pulsions de vie et de mort, et que leur opposition relève de la même structure. Je n’ai trouvé qu’une seule occurrence, où Freud admet une possible remise en question de l’opposition des pulsions, c’est dans Le moi et le ça » où il parle de la transformation de la haine en amour ou de l’amour en haine Si cette transformation est plus qu’une simple succession temporelle, donc un relais [3] ou une résolution , alors évidemment le sol vient à manquer pour une différenciation aussi fondamentale que celle entre pulsions érotiques et de mort, qui présuppose des processus physiologiques aux cours opposés [4]».Ainsi, remettre en cause la haine comme premier sentiment, avant l’amour, apparaît comme une conséquence logique de l’affirmation qu’il n’y a qu’une seule pulsion. Or, dans le texte Psychologie collective et analyse du moi » Freud écrit La psychanalyse voit dans l’identification » la première manifestation d’un attachement affectif à une autre personne [5]». Cela me conduit à tenter de montrer que dans ce mécanisme de l’identification rien ne permet de prouver que la haine est antérieure à l’amour. Il s’agit donc de l’identification primordiale ou comme Freud la nomme dans Deuil et mélancolie [6]» identification narcissique. Pour ce faire, revenons rapidement sur le processus de l’identification qui est le lieu du passage de la pulsion au sentiment et celui où se forme le moi. Cet extrait de Pulsions et destins des pulsions » est de ce point de vue bien éclairant Qu’une pulsion haïsse » un objet, voilà qui paraît bien déconcertant pour nous, si bien que nous en venons à découvrir que les appellations amour et haine ne sont pas utilisables pour les relations des pulsions à leurs objets, mais sont réservés à la relation du moi-total aux objets [7] ». Pour Freud, d’une part l’objet de la pulsion n’est pas celui du moi, et d’autre part il ne peut y avoir de sentiment que dans l’après-coup de la formation du moi, ici il précise du moi-total. Pour continuer à aller vite, la question du moi-total est liée au troisième temps de la pulsion, au nouveau sujet dont Lacan dit que ce n’est pas un nouveau sujet, mais qu’il est nouveau de voir apparaître un sujet [8] ». Pour résumer un peu ceci, disons que l’identification primordiale, qui correspond à la phase du miroir chez Lacan, est ce moment où se forme le moi pour Freud et où le sujet se transforme pour Lacan [9]. C’est là qu’apparaît le premier sentiment décrit comme ambivalent et ce que je préfère plutôt décrire comme encore’ indifférencié. En effet, Freud dit L’identification est d’ailleurs ambivalente dès le début[10]» ce qu’il amène de la façon suivante Elle se comporte comme un produit de la première phase, de la phase orale de l’organisation de la libido, de la phase pendant laquelle on s’incorporait l’objet désiré et apprécié en le mangeant, c’est-à -dire en le supprimant [11]». Il apparaît là que l’amour et la haine sont, et ceci depuis l’origine, intrinsèquement liés, voire même indissociables aimer c’est aussi détruire. Il est ainsi difficile de soutenir que l’amour n’est pas du côté de la pulsion de mort. C’est pourquoi je préfère dire que le sentiment est encore’ indifférencié. Je propose de nommer ce premier sentiment indifférencié » hainamoration, suivant là cette trouvaille de Lacan en 1973 lors du séminaire Encore ». Je ne souhaite pas utiliser le terme d’ambivalence, crée par Bleuler pour deux raisons la première est qu’ambivalence renvoie à deux opposées, voire des contraires, ce qui n’est pas congruent avec l’hypothèse de la structure moebienne. La seconde est que l’utilisation de ce terme dans l’histoire de la psychanalyse, est venue désigner essentiellement la haine, j’y reviendrai plus tard. Parler d’hainamoration permet justement de faire apparaître une continuité entre la haine et l’amour, qui ne se résume pas à une opposition. C’est ce que dit Lacan dans le séminaire XXII » ce que j’ai énoncé comme vérité première, à savoir que l’amour est hainamoration » [12]». D’une certaine façon, cette thèse est soutenue par Freud lui-même quand il écrit Cette forme, ce stade préliminaire de l’amour peut à peine se différencier de la haine dans son comportement à l’égard de l’objet. Ce n’est qu’avec l’instauration de l’organisation génitale que l’amour est devenu l’opposé de la haine [13] ». On peut remarquer que Freud parle ici de forme. Mais de quoi s’agit-il dans cette affaire d’organisation génitale? Il s’agit des identifications secondaires, par exemple au père ou à la mère, dans le cas du choix de genre. Lacan parle ici de normalisation libidinale » confère Le stade du miroir » . C’est la continuation de la formation du moi, l’accumulation des couches identificatoires, toute la vie durant, qui s’effectue sous la contrainte de la détermination sociale. C’est là que l’environnement signifiant, l’entourage, va pousser le sujet à décider,à choisir ce qu’il peut introjecter, c’est-à -dire à considérer comme moi et non-moi, comme dedans et dehors, comme ce à quoi il peut s’identifier ou pas, et comme finalement ce qui lui est ou ce qui lui devient étranger. Ainsi, ce à quoi il peut s’identifier, s’y reconnaître sera aimé; et ce à quoi il ne le peut pas sera haï, et cela ne peut se faire qu’après l’identification primordiale ou narcissique. Il apparaît ainsi que la question de l’aimer et du haïr est intrinsèquement liée à celle de l’identification non pas primordiale, mais de l’identification secondaire, qui est déterminée par un choix du sujet. Ce n’est que dans un second temps que l’hainamoration peut commencer à se différencier en amour et en haine. En effet, en reprenant le stade du miroir, on perçoit que l’enfant a de lui-même une image semblable à celle qu’il a des autres corps hors de lui un corps parmi les autres; une image de semblable qui vient des autres. Le moi se forme ainsi comme image de l’autre, ceci correspond à ce que Freud appelait le narcissisme primaire. Le narcissisme primaire définit ainsi un être tout au dehors, d’emblée livré à l’autre, et assujetti à l’événement. C’est absolument narcissique, et c’est ce que montre la phase du miroir. Le moi se forme à l’extérieur, et non pas par un mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, par une projection, mais précisément l’inverse le moi est d’emblée extéroceptif ou il n’est pas ».[14]En effet, c’est l’autre qui fait fonction de miroir. Ainsi, le stade du miroir est aussi le paradigme, par lequel l’observateur nomme dans cette révélation ce qui s’est accompli autrement la naissance du moi. Cette nomination où l’observateur énonce c’est toi » est la matrice symbolique où le je se précipite en une forme primordiale, avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification à l’autre [15] ». C’est cette nomination qui masque l’aspect purement imaginaire du moi derrière le symbolique. En effet, Freud a employé indifféremment les expressions idéal du moi » et moi idéal ». Il ne les a pas différenciées, bien qu’il ait repéré qu’il y avait bien deux notions différentes. Lacan, en amenant imaginaire, symbolique et réel permet cette différenciation. Le moi idéal en est l’aspect imaginaire, le narcissisme, l’imago; alors que l’idéal du moi en est l’aspect symbolique, donc articulé au signifiant. Ainsi, lorsque l’enfant se reconnaît dans le miroir, il a alors une image de son corps distincte des sensations internes de sa motricité. Il est pris entre la fascination primordiale par son semblable, vision captatrice de la gestalt » du corps de l’autre comme miroir et ses perceptions non visuelles de son corps, là non unifié, dépendant en sa prématurité. Il se produit alors un écart entre l’image, image de l’Autre, du semblable, extéroceptive à laquelle il s’identifie et la représentation de la perception intéroceptive qu’il a de lui-même. Pour le dire autrement, il y a un écart entre l’image et la représentation, entre l’imaginaire et le symbolique qui représente le réel de son corps , c’est-à -dire entre le moi idéal et l’idéal du moi. L’identification est finalement cette opération qui articule l’imaginaire au symbolique, lors de laquelle le moi se forme dans cet alliage de deux consistances, l’une pleine, l’imaginaire et l’autre trouée, le symbolique, ce qui crée un écart, ces deux consistances ne pouvant pas se recouvrir. Cet écart est d’une certaine façon à l’origine de la haine, qui apparaît ici comme une haine du symbolique. Lacan dans le séminaire D’un Autre à l’autre » reprend la question de l’identification, où il se réfère à sa Remarque sur le rapport de Daniel Lagache » dans laquelle il traite des questions de l’identification, du narcissisme et de la formation du moi. Il note une contradiction nette » chez Freud à propos de la libido d’objet et de la libido du ça, dont il dit Ceci nous introduit à reposer toute la question de ce qu’il en est de l’identification [16] ». Il y explique qu’il y a une béance entre vouloir être l’Un dans la champ de l’Autre et l’idéalisation, ce qui confronte le sujet avec les problèmes narcissiques[17]. Il résume ceci dans cette formule c’est de l’impossibilité de faire rentrer sur le plan imaginaire cet objet petit a en conjonction avec l’imagenarcissique[18] ». Je pense aller là dans le sens de ce que Radjou nous a dit lors du dernier séminaire. Ainsi, si on peut penser l’identification en terme d’écart entre imaginaire et symbolique, la question du dedans et du dehors, autrement dit du moi et du non-moi c’est-à -dire du moi et de l’autre, peut s’articuler autrement. C’est-à -dire en termes d’imaginaire et de symbolique et aussi de réel. Pour développer ce point, il y a lieu de reprendre l’amour et la haine dans leurs rapports avec réel, symbolique et imaginaire. Alors, si le premier sentiment est bien l’hainamoration, qu’est-ce qui va venir différencier l’amour de la haine au point où ces sentiments peuvent apparaître comme des opposés? Lors de l’identification le moi se reconnaît comme identique à soi-même », que l’on peut écrire soi m’aime », c’est-à -dire identifier le moi imaginaire à l’idéal du moi symbolique , s’incorporer comme dirait Freud et ainsi se constituer comme moi. Le moi s’intériorise et de ce fait se trouve être symbolisé, est nommé comme moi. S’il ne lui semble pas être identique à soi-même », il est un objet, un autre, un soi-m’aime-pas soi-même-pas », un soit-haï », il reste au dehors, à l’extérieur. Ainsi, il apparaît que l’amour se situe à l’articulation de l’imaginaire et du symbolique. Alors logiquement la haine devrait se situer à l’articulation de l’imaginaire et du réel, ce que nous montrerons tout à l’heure. L’amour et la haine de ce point de vue ne sont pas des opposés, mais au contraire apparaissent comme deux pôles de l’imaginaire entre le réel d’un côté et le symbolique de l’autre. Lacan amène cela dès le séminaire I sur le moi, où entre le réel et le symbolique, se trouve la troisième passion de l’être l’ignorance[19]. Il y aurait lieu d’évoquer, ici, une structure borroméenne, ce que je n’ai pas suffisamment travaillé, et ce serait trop long pour ce soir. Les mécanismes à l’œuvre pour déterminer si on a affaire à l’amour ou la haine sont le plaisir et le déplaisir. Si la vision, la perception de l’objet identificatoire provoque du plaisir, il sera aimé, et, comme lors de la phase orale il sera incorporé et détruit. Si cette vision suscite du déplaisir l’objet sera haï, reconnu comme autre c’est-à -dire comme non-moi ou pas reconnu comme moi, extérieur. Il servira par la haine qui le vise à la conservation du moi. Rappelons simplement que la haine a pour fonction la conservation du moi, cela est manifeste quand Freud met en place la deuxième topique, il substitue la pulsion de vie et la pulsion de mort aux pulsions sexuelles et aux pulsions de conservation du moi. Cela est encore un argument contredisant l’opposition stricte entre pulsion de vie et pulsion de mort et montrant que la haine n’est pas que destruction. Ainsi, c’est le plaisir ou le déplaisir qui vont orienter et donc mettre en place cette différenciation de l’hainamoration entre ses deux pôles d’amour et de haine. Ce qui est cause de plaisir sera aimé et reconnu comme constitutif du moi, sera idéalisé et tout à fait conscient, entièrement dialectisé, significantisé, avec une consistance à la fois imaginaire et symbolique. Alors que ce qui est haï appartient au monde extérieur, n’est pas reconnu comme partie du moi et va connaître le destin de ce qui est cause de déplaisir. C’est dire que cet objet haï est objet de jouissance. En effet, on peut avancer que le déplaisir, dont se soutient Freud tout au long de sa découverte de la psychanalyse et dont il tire la pulsion de mort, correspond globalement à ce que Lacan a nommé jouissance. Ainsi, ce qui est cause de déplaisir, haï est de ce fait objet de la jouissance pour être plus précis est cause de plus-de-jouir, de perte de jouissance qui réclame alors plus de jouissance, plus de jouissance de la haine . La jouissance est à situer dans le réel. C’est-à -dire qu’elle n’est pas soumise à la logique du signifiant, n’est pas subjectivée et donc pas consciente. Dans ce registre du réel la haine est pure jouissance. Ce qui apparaît alors est ceci la haine se forme dans l’imaginaire suivant la phase du miroir à partir de ce premier sentiment d’hainamoration. Ce qui lui donne une consistance imaginaire, qui est précisément la forme sous laquelle elle apparaît au sujet. Dans ce même temps, elle devient un réel, en tant que jouissance, de façon à ce que le sujet ne puisse uniquement l’appréhender qu’en tant qu’élément imaginaire. Cela a pour conséquence importante concernant la clinique de la haine que cet aspect imaginaire peut s’enflammer sans qu’une limite symbolique puisse agir[20]. C’est exactement ce que l’on peut observer actuellement dans le discours public, où domine cet aspect purement imaginaire, et où la réalité se dissout dans l’imaginaire et permet toutes les exagérations tant dans le mensonge pudiquement nommé fake-news que dans les thèses complotistes et les ambiances de lynchage que l’on trouve dans le discours public, et ceci autant dans les réseaux sociaux que dans les discours des hommes et femmes politiques, même ceux qui soutiennent des positions modérées. Aujourd’hui plus personne ne peut tenir un discours politique qui ne fait pas d’une façon ou d’une autre allusion à l’immigration, aux étrangers, c’est-à -dire pour le moins référence à la haine. Tous les meurtres de masses et génocides ont été préparés par de tels discours. Ainsi, cet imaginaire de la haine vient masquer ce qu’il en est de la haine en tant que réel. Comme illustration, prenons l’exemple de ces discours ce qu’ils viennent dire, c’est que ces étrangers, ces autres ne sont pas humains, ce sont des parasites, des cloportes, des choses, de façon à les désidentifier d’une figure à laquelle on puisse s’identifier, un semblable. Cette désubjectivation est en fait une dé-métaphorisation qui projette ces autres dans le réel comme chose, comme ding ». Rappelons que l’identification est un mécanisme qui allie l’imaginaire au symbolique. Donc, la question se pose de comment introduire du symbolique dans la haine? Robert Lévy a apporté un outil très important avec ce qu’il a appelé l’identification idéale collective », comme étant une possibilité de métaphorisation, c’est-à -dire de symbolisation du réel. Ainsi, nous avons affaire à ce qui concerne la nature de réel de la haine en tant que jouissance, c’est-à -dire la difficulté à la reconnaître, en particulier à la reconnaître comme partie intégrante et constitutive du moi. C’est une des plus grandes difficultés et résistances lors des cures pour un sujet d’arriver à se reconnaître dans sa jouissance. N’est-ce pas là le troisième pied de la passion, celle dont Lacan dit qu’elle est majeure, la passion de l’ignorance? Celle qui se caractérise par l’absence d’imaginaire. Celle qui permet de ne pas se connaître, équivalent à ne pas se reconnaître dans l’Autre. Dans cette logique qui consiste, en partant de l’idée qu’il n’y a qu’une seule pulsion et non deux pulsions qui s’opposent, à aboutir à une structure moebienne des pulsions et par conséquent à cette même structure moebienne de l’amour et de la haine, nous en sommes arrivés à réduire ce qui semblait toujours apparaître comme des oppositions, à ce qui sont des formes de continuité régies par la logique moebienne. Lacan définit d’une façon intéressante cette affaire dans le séminaire XVIII D’un discours qui ne serait pas du semblant » Le discours du Maître n’est pas l’envers de la psychanalyse, il est où se démontre la torsion propre, dirais-je, du discours de la psychanalyse ce qui fait que ce discours fait poser la question d’un endroit et d’un envers, puisque vous savez l’importance de l’accent qui est mis dans la théorie, dès son émission par Freud, l’importance de l’accent qui est mis sur la double inscription. Or ce qu’il s’agissait de vous faire toucher du doigt, c’est la possibilité d’une inscription double à l’endroit, à l’enverssans qu’ait à être franchi un la structure dès longtemps bien connue dont je n’ai eu qu’à faire usage dite de la bande de Moebius [21]». Cette citation, un peu longue, met en évidence deux éléments concernant mon propos. Tout d’abord, ce qui n’est autre que ce que j’ai avancé aujourd’hui, à savoir la structure moebienne proprement dite où l’endroit et l’envers, comme le dedans et le dehors et par conséquent le moi et l’autre ne sont pas des opposés mais ce que j’ai appelé une forme de continuité dans le sens où ils ne sont pas séparés par un bord, une forme de continuité sans franchissement. Et le second concerne cette torsion moebienne dont Lacan dit qu’elle est le propre du discours analytique. Si cette structure moebienne est le propre du discours de la psychanalyse, ce que j’ai tenté de montrer ici, comment penser ce que Freud a toujours soutenu, à savoir l’opposition des pulsions, comme de l’aimer et du haïr? De la même façon, Freud a construit toute sa théorie à partir d’une logique d’oppositions; cela dès Les études sur l’hystérie » en 1895, où il met en place le conflit psychique. Tout d’abord par l’opposition entre conscient et inconscient à partir du refoulement. Nous y trouvons le refoulé et le non-refoulé qui répond à ce processus binaire du plaisir/déplaisir. Mais ça ne marche pas, il remarque qu’il y a du plaisir dans le déplaisir. Pour en rendre compte, il lui est nécessaire de recourir à la perversion. Il invoque le masochisme, qu’il étend à toute la vie psychique, avec cette question où il s’agit de savoir si le masochisme est primaire ou si c’est le sadisme qui se retourne sur le moi, thèse qu’il retiendra dans un premier temps. Ce n’est qu’en découvrant la pulsion de mort qu’il soutiendra que le masochisme est primaire et que le retournement du sadisme sur le moi est une forme secondaire du masochisme. Sadisme et masochisme s’opposent, tout en n’étant pas ni complètement différent, ni symétrique l’un de l’autre. Cela ne va pas sans rappeler la question de la primauté de la même, pour comprendre la question de la pulsion, il lui faut aussi une opposition entre deux pulsions ou groupes de pulsions tout d’abord celle entre les pulsions libidinales et les pulsions du moi ou de conservation du moi; puis entre celles de vie et de mort. Mais lorsque Freud invente la pulsion de mort dans Au delà du principe de plaisir », il insiste particulièrement sur le fait qu’une chose et son contraire sont les mêmes du point de vue de l’inconscient; ainsi, les opposés ne sont pas antinomiques mais ont plutôt un rapport en miroir au sens où Lacan l’amène dans le stade du miroir; ce qui introduit donc à la structure moebienne. Or, pour conceptualiser l’inconscient, ce que Lacan appellerait le discours de la psychanalyse, Freud est toujours amené à décrire des structures triangulaires inconscient, préconscient et conscient, le complexe d’Oedipe, le moi, le ça et le surmoi. Ceci, à mon sens, est pour rendre compte de la structure langagière de l’inconscient, c’est-à -dire ordonnée par le signifiant et la métaphore. Lacan, quant à lui n’a jamais eu besoin de recourir à ce type d’opposition, au contraire, il s’est plutôt employé à en montrer la dissymétrie. Pourquoi Lacan n’a pas eu recours à cette logique binaire d’opposition qui est finalement la plus commune mais qui n’est pas celle ressortissant à l’inconscient? Je pense que, probablement, c’est parce qu’il ouvre cette question d’opposition à une autre dimension qui est celle de la division du sujet, qui elle ne peut pas être réduite à une simple opposition. La division subjective n’est pas une symétrie dans le sens de l’opposition de contraires, mais plutôt un hiatus irrémédiable entre au moins deux positions du sujet s’exerçant dans des champs différents. En effet, très vite, Lacan va développer la question de la division du sujet, qui sera noté $, introduit pour la première fois dans le graphe lors du séminaire Les formations de l’inconscient » en 1957. Pour lui, il ne s’agit pas d’un conflit intra-psychique ou de deux pulsions contraires, mais de l’effet du signifiant sur un sujet dès l’entrée dans le langage. Lacan n’a pas besoin de métaphoriser ou de mythifier? cette division par la mise en évidence des oppositions. Il va de soi que cela se produit et que les apparents contraires ressortissent à des occurrences différentes du signifiant. Si Freud ne peut se passer du concept de deux pulsions opposées et son corollaire de l’opposition de la haine et de l’amour, où la haine serait antérieure à l’amour, c’est, me semble-t-il, par une théorisation insuffisante de la question du clivage et donc de la division subjective. Pourtant, dès Les études sur l’hystérie » il met en évidence le clivage. C’est une question qu’il ne va commencer à approfondir qu’à la toute fin de sa théorisation avec ce texte qu’il n’a pas eu le temps d’achever sur le clivage du moi[22]. En effet, tenter d’articuler les manifestations de la division subjective avec la question du moi ne peut pas se faire autrement qu’en mettant en place des oppositions comme le dedans et le dehors, le moi et l’autre etc. Ce n’est qu’en intégrant pleinement le fait que la division s’effectue au niveau du langage, c’est-à -dire en deçà du sujet, qu’elle pré-existe au sujet tout en le déterminant, que l’on peut se passer d’en rendre compte, voire de la métaphoriser sous la forme d’une opposition comme celle des pulsions ou du dedans et du dehors. Pour illustrer ceci, prenons un exemple extrêmement simple en clinique, quand un sujet énonce une contradiction ou une opposition interne à son psychisme, je ne me pose pas la question en terme d’opposition ou de contradiction qu’il s’agirait de faire reconnaître comme telle au sujet, mais en terme de division du sujet en regard du signifiant, afin qu’au décours de la cure le sujet puisse se reconnaître comme divisé. Par exemple, quand un sujet s’interroge pour décider d’aller dans le sens de son désir, pour autant qu’il puisse en savoir quelque chose, ou d’aller vers une norme sociale, c’est-à -dire d’obéir à une injonction du surmoi qui peut lui apparaître comme venant de l’Autre, je ne pense pas ce qu’il se passe en tant que conflit, semblant se produire entre le moi et l’Autre, dont la résolution a pu être théorisée par un renforcement du moi, mais en tant que choix du sujet. C’est ce qu’en disent nos patients J’ai à faire un choix », on est ainsi au plus près du dire du sujet. Ceci est une évolution de la théorie et de la pratique analytiques consécutive à ce que Lacan a transmis quant à cette question de la division subjective. Lacan n’a jamais évoqué la structure moebienne de l’amour et de la haine, sauf une seule fois dans L’étourdit ». Je ne pense pas que Lacan, dans l’ensemble de ses écrits et séminaires ait pu contredire cette thèse de la structure moebienne de l’amour et la haine. Il y met toutefois deux réserves le lien avec l’ambivalence d’une part, et d’autre part ce fait que l’amour et la haine ont deux supports différents. J’ai déjà abordé la relation à l’ambivalence que je vais approfondir. Il a donc écrit dans L’étourdit » que L’amour-haine, c’est ce dont un psychanalyste même non lacanien ne reconnaît à juste titre que l’ambivalence, soit la face unique de la bande de Moebius, – avec cette conséquence, liée au comique qui lui est propre, que dans sa vie » de groupe, il n’en dénomme jamais que la haine [23]». Il note là deux problèmes ne pas différencier l’amour de la haine, ce qui me semble fondamental à faire, et la confusion déjà évoquée, où pudiquement l’emploi dans ce sens du terme d’ambivalence désigne la haine qui transparait dans l’amour, comme si elle ne lui était pas consubstantielle. C’est ce qu’il dit dans le séminaire Encore » quand il introduit cette notion nouvelle de l’hainamoration Si l’hainamoration, justement, elle la psychanalyse avait su l’appeler d’un autre terme que de celui, bâtard, de l’ambivalence, peut-être aurait-elle mieux réussi à réveiller le contexte de l’époque où elle s’insère [24]». Il l’énonçait déjà explicitement à propos du transfert en 1968 ambivalence pour user du mot dont la bonne éducation psychanalytique désigne la haine [25]». Or, dans le transfert, en particulier dans le transfert négatif, c’est d’une véritable haine dont il s’agit. D’ailleurs, cette haine n’est pas l’apanage de l’analysant. Ce que montre bien Luis Eduardo Prado De Oliveira dans son livre La haine en psychanalyse [26] ». On peut ainsi aller jusqu’à poser la question de savoir si la pratique de certains analystes, et non des moindres, avec certains de leurs analysants, n’a pas été de développer l’hainamoration de transfert du côté de la haine. Je pense à Freud qui a pris sur son divan sa propre fille Anna, à Lacan qui a eu des relations sexuelles avec son analysante Catherine Millot et à la relation de Donald Winnicott avec son analysant Masud Khan. Peut être ces analystes étaient-ils suffisamment forts ou suffisamment bons? pour s’arranger avec leur jouissance, mais leurs analysants? A l’évidence le concept d’ambivalence ne convient pas pour ces exemples extrêmes, contrairement à celui d’hainamoration. Quant à la question de différencier l’amour de la haine, cela sera ce qui conclura mon propos de ce soir. Voici le point où j’en suis, pour l’instant, dans ma conception de l’hainamoration, de l’amour et de la haine. Au commencement était un seul sentiment l’hainamoration, produit par ce qui est la première relation à l’objet l’identification, identification primordiale. Cette première relation est au départ image, c’est-à -dire sans représentation, c’est l’image de l’autre telle que la voit tout nouveau-né, comme tout animal qui peut voir ou reconnaître sa mère devant sa première perception visuelle. Chez le petit d’homme, soumis au langage, il lui faut une représentation, c’est-à -dire subjectiver cette image. C’est l’identification primordiale qui s’effectue dans les trois registres imaginaire, symbolique et réel. Cette identification a comme premier effet de produire ce premier sentiment d’hainamoration qui se décline aussi dans les trois registres. Dans l’imaginaire nous trouverons le moi[27], dans le symbolique avec l’idéal du moi cela sera l’amour et dans le réel la haine et sa jouissance. Alors, il me semble que de vouloir combattre la haine est se tromper d’objet, la haine n’est pas un problème, quelque chose qu’il faudrait éradiquer, que ce soit dans le monde social ou, et c’est là que nous avons quelque chose à en dire, dans le transfert. Ce qui fait problème, comme l’indique finalement très justement le thème de cette année, c’est l’au-delà de la haine, c’est la jouissance qui peut se manifester comme dans les exemples célèbres plus tôt évoqués, par un passage à l’acte. Ce n’est pas la haine qui passe à l’acte mais la jouissance. Philippe Woloszko. Paris, le 5 décembre 2018. [1]Le texte de cet exposé est consultable sur le site d’analyse freudienne. [2]S. Freud. Analyse de la phobie d’un garçon de cinq ans. IX. P123. [3]Paul-Laurent Hassoun, dans La haine la jouissance et la loi. sous la dir. de Hassoun et M. Zafiropoulos. Psychanalyse et pratiques sociales. Anthropos. 1995. Il remarque que le mot allemand, ici traduit par relais » et qu’il traduit par résolution, est Ablösung, qui note-t-il contient à la fois l’idée de dissolution » Lösung, d’ amortissement » d’une hypothèque! et de transmission par laquelle quelqu’un vient à assumer l’activité de quelqu’un d’autre tout cela est contenu dans le passage » de l’amour à la haine. [4]S. Freud. Le moi et le ça. XVI. P286. [5]Freud. Psychologie collective et analyse du moi. In Essais de psychanalyse. Petite Bibliothèque Payot. Paris. 1968. P 126. [6] L’identification narcissique est la plus originelle ». Deuil et mélancolie. XIII. P271. [7]S. Freud. Pulsions et destins de pulsions. T XIII. 1988. P184. [8]J. Lacan. Séminaire XI. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Version Valas. P281. [9]Lacan parle de transformation du sujet lorsqu’il s’assume comme image, dans Le stade du miroir. [10]Psychologie collective et analyse du moi. Op. Cit. P127. [11]Ibid. [12]J. Lacan. Séminaire XXII. Version Valas. P 188. [13]S. Freud. Pulsions et destins de pulsions. Op. Cité. P 184-5. [14]Philippe Julien. Pour lire Jacques Lacan. Le retour à Freud. 1990. P45. [15]Il y suffit de comprendre le stade du miroir comme une identification au sens plein que l’analyse donne à ce terme à savoir la transformation produite chez le sujet, quand il assume une image imago. .. la matrice symbolique où le je se précipite en une forme primordiale, avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification à l’autre et que le langage ne lui restitue dans l’universel sa fonction de sujet. Cette forme serait plutôt au reste à désigner comme je-idéal Ideal Ich de Freud si nous voulions la faire rentrer dans un registre connu, en ce sens qu’elle sera aussi la souche des identifications secondaires, dont nous reconnaissons sous ce terme les fonctions de normalisation libidinale. J. Lacan. Le stade du miroir. Dans Écrits. P94. [16]J. Lacan. Séminaire XVI. D’un Autre à l’autre. Version [17]Ibid. [18]Ibid. P 338. [19] Séminaire I. Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Version Valas. P 742. Ainsi se créent à la jonction du symbolique et de l’imaginaire la passion ou la cassure, si vous voulez, ou la ligne d’arête qui s’appelle l’amour, à la jonction de l’imaginaire et du réel, celle qui s’appelle la haine, et à la jonction du réel et du symbolique, celle qui s’appelle l’ignorance ». [20]En fait, cette inflation imaginaire repose sur la logique du plus-de-jouir qui cherchant à récupérer de la jouissance ne fait qu’augmenter la perte de jouissance et induit un mécanisme entropique avec de plus en plus de jouissance pour compenser cette perte qui ne fait que s’amplifier. [21]J. Lacan. Séminaire XVIII. D’un discours qui ne serait pas du semblant. Version Valas. P4. [22] S. Freud. Le clivage du moi et les mécanismes de défense. [23] L’ÉTOURDIT. In pas tout Lacan. Texte du 14 juillet 1972. P1438. [24]J. Lacan; Séminaire XX. Version Valas. P192. [25]J. Lacan. Introduction de Silicet au titre de la revue de l’école freudienne de Paris. In Pas tout Lacan. P1182. Janvier 1968. [26]Luis Eduardo Prado De Oliveira. La haine en psychanalyse. Liber. Montréal. 2018. [27]N’est-ce pas le moi dans sa fonction de méconnaissance? Alors, on pourrait dire que dans l’imaginaire on y trouve l’ignorance. Cela permet de penser l’hainamoration comme amour et haine et ignorance. Cela pourra être une autre discussion. Si l’amour rend aveugle comme on dit, il en est de même pour la haine, cette cécité n’est-elle pas plutôt de l’ignorance? SHARE IT
Jecrois qu’à un moment il a pensé que le désir et l’amour pouvaient être l’ouverture de cette impasse." Des interrogations qui resteront en suspens jusqu'à la diffusion de la saison 2 . L’amour est un concept que bien peu de gens, à ma connaissance, maîtrisent ou du moins en maîtrisent le sens et l’essence. Le plus simple, pour réaliser cette vérité, c’est de lancer le sujet de l’amour en société » à l’occasion d’un repas ou d’une réunion, peu importe. Vous verrez que, dans plus de 90% des cas, quand vous lancez le sujet, les gens y répondent par le cas particulier de la relation de les avoir écoutés, il suffit de leur poser la question Très bien, vous venez de me parler du couple ; mais qu’en est-il de la relation parent-enfant, ou encore de la relation amicale ? N’est-ce pas de l’amour ? » Ce qui devrait déboussoler votre interlocuteur qui finira inéluctablement par bredouiller que c’est pas pareil, etc. pour ne pas perdre la face. Et pourtant, la relation parent-enfant est basée sur un amour inconditionnel. La véritable relation amicale cette introduction courte mais essentielle, nous pouvons réaliser qu’avant de parler d’amour, il convient de définir le mot amour » ou aimer. L’amour est universel » nous dit-on dans le sillage d’un Jésus Christ. D’accord, mais cela ne définit pas le mot en question. Finalement, je pense que la bonne question à se poser, c’est Quel est le point commun entre le couple, l’amitié et la filiation ? ». En clair, c’est en cherchant ce point commun que nous pourrons éventuellement approcher une définition plus juste du verbe aimer qui s’applique à ces trois relations. Car oui, il y a bel et bien un point commun à ces trois cas particuliers. Léo Tolstoï il y a plus d’un siècle a écrit Aimer, c’est accepter l’autre tel qu’il est ». Voilà le point commun. Et donc, j’ai tendance à penser que cette citation de Tolstoï est la meilleure définition à ce jour du verbe aimer ».Evidemment, toujours dans l’optique de ne pas perdre la face » j’y reviendrai plus tard, un certain nombre d’individus rejetteront cette définition en s’embarquant dans des explications plus ou moins confuses, compliquées et superfétatoires. Puis ils déclareront que la discussion ne les intéresse pas, tenant impérativement à clore le sujet - mais en ayant le dernier mot, ça va de soi. Heureusement, d’autres interlocuteurs se montreront moins obtus et nous pourrons pousser la discussion avec eux dans une ambiance cordiale et de bon définition tolstoïenne, appliquée au couple montre qu’il convient ainsi de ne pas se méprendre sur les motivations des deux protagonistes et de ne pas mélanger les choses. Car le couple, c’est compliqué. Trois notions s’entrechoquent dans cette relation particulière et chacune de ces trois notions est indépendante de l’autre Le désir, qui est à la base de toute relation sexuelle et dont le but conscient ou pas est la vivre ensemble est encore autre chose et dépasse le désir dans la mesure où le couple qui s’installe ne fait pas que tenter de se reproduire mais chacun des deux protagonistes apprend à vivre 24/7 avec l’autre, ses tics et ses manies, mais aussi ouvre des sujets de discussion avec l’ enfin, tel que défini dans le paragraphe précédent. Sans respect ou tolérance, il ne peut y avoir d’ autant le désir évolue avec le temps, autant le vivre ensemble peut devenir compliqué voire difficile, autant l’amour, lui, n’est pas à géométrie variable et est le seul élément constant de la relation, véritable point d’ancrage. Evidemment, le désir rend aveugle, des deux côtés. Et quand il s’émousse, beaucoup de couples réalisent que, dans les faits, ils ne s’aiment plus, certaines personnes, faisant l’amalgame entre amour et couple d’une part, entre amour, vivre ensemble et désir d’autre part, ont bien du mal à comprendre ce qui a bien pu se passer pour en arriver au divorce ou à la la méconnaissance de l’amour qui en est le principal responsable. Avoir peur de perdre la face » dans cette situation est un terrible aveu de faiblesse, une sorte d’armure de protection dans le but de se protéger et de se préserver suite à cet pour ce premier chapitre, j’espère qu’il vous aura plu et à bientôt pour la suite dans le chapitre Psychanalyse ».Alain Crémades dj5lpS. 482 176 389 358 442 427 264 130 216